Et si votre Covid long était lié à vos intestins ?
J’ai attrapé le covid-19 mi-avril en allant travailler malgré le port du masque et le respect des gestes barrières. J’ai eu une forme symptomatique, non compliquée (pas d’hospitalisation ni de traitement) mais 3 semaines après les premiers symptômes, j’avais encore certaines manifestations. Je me suis donc naturellement intéressée aux formes longues de Covid; ce que l’on appelle le Covid long. Je me suis alors aperçue que le Covid long était plutôt très fréquent et pour certaines personnes très handicapant. Je voulais donc dans ce blog vous livrer ma propre expérience et le résultat de mes recherches sur le Covid long.
Mon expérience avec le Covid-19
Mes premiers symptômes ont commencé avec un mal de gorge et un état un peu grippal le soir avant d’aller me coucher. Le lendemain matin, l’état grippal persistant, je décide de faire un test. Pour cela je téléphone dès 8h pour prendre un RDV pour un test PCR. Tous les laboratoires dans un rayon de 10 km de mon domicile ont décidé de ne pas prendre les patients symptomatiques or dans mon état grippal, je ne me sens pas de faire 30 kilomètres de voiture pour me faire détecter. J’appelle une batterie de cabinet d’infirmiers. Aucune personne n’est disponible pour passer le jour même. Seule une pharmacie accessible à pied depuis mon domicile accepte de me tester avec un test antigénique. Malheureusement aucun RDV n’est disponible avant 15h30. Ne sachant pas si j’ai le Covid ou pas, je ne prends peut-être pas encore la mesure de ce qui m’arrive et je reste en famille certes avec un masque sur la bouche et le nez mais bon… au final j’apprendrais quelques jours plus tard que j’ai aussi contaminé ma sœur et mon père… alors que j’aurais pu casser la chaine de contamination avant si j’avais pu être détecté plus tôt dès le matin. Vers 16h j’apprends que c’est bien le Covid-19 et je m’isole seule aussi tôt dans un studio pour 10 jours jusqu’à la fin de mon isolement officiel.
Mes symptômes évoluent vers des maux de tête, un nez qui coule d’abord vers l’arrière, de la toux sèche, des douleurs très fortes derrières les yeux et au niveau des sinus. Des douleurs irradiantes fugaces dans tout le corps et cette sensation d’oppression thoracique et de respiration difficile m’accompagneront aussi pendant cette première semaine d’isolement. Peu ou pas de symptômes digestifs à part quelques gargouillements intestinaux et ballonnements au troisième jour (mais j’en ai parfois donc je ne sais pas si c’est vraiment lié au Covid). Beaucoup de fatigue et de besoin de dormir ainsi que des difficultés à me concentrer ou à passer du temps devant un ordinateur ont parfait le tableau.
La veille de la sortie de mon confinement, c’est-à-dire 9 jours après mes premiers symptômes, je réalise un nouveau test antigénique, il est malheureusement encore positif. Le lendemain mon confinement prend fin et je ne sais pas ce que je dois faire. Est-ce que je reste confinée encore jusqu’à ce que mon test devienne négatif ? Est-ce que je sors de mon confinement tout en prenant encore quelques précautions pour ne pas contaminer mon entourage ? Les avis des professionnels de santé (infirmières) notamment qui réalise les tests sont contradictoires. Une me dit de rester confinée, l’autre de sortir de mon confinement car certaines personnes peuvent rester positives des semaines après les premiers symptômes mais à priori ne sont plus contagieuses.
Après quelques recherches sur internet, je tombe sur un post qui parait assez officiel et qui autorise pour le variant Anglais à sortir de l’isolement même si le test PCR ou antigénique est toujours positif, ce que je décide donc de faire.
Mon expérience avec le Covid long
Pendant la semaine qui suit la sortie de mon isolement, je suis encore très fatiguée et décide de reporter d’une semaine toutes mes activités professionnelles, j’ai encore un peu de toux, de l’essoufflement par moment et surtout j’ai des démangeaisons sur tout le corps et surtout sur le buste. Je vois d’ailleurs un médecin pour ça qui ne me fait passer aucun examen de sang et qui me propose juste des antihistaminiques et d’hydrater ma peau avec une crème apaisante. J’hydrate donc ma peau et je bois des tisanes-décoctions de romarin, mélisse, sauge, trois plantes qui pousse dans mon jardin et surtout qui contiennent de l’acide rosmarinique, un antihistaminique naturel.
Je m’aperçois aussi que ma toux (un peu asthmatique) et mes démangeaisons apparaissent parfois après le repas. Pourrait-il y avoir un lien avec la composition du repas. Serais-je devenue allergique à certains aliments ? Est-ce une intolérance à l’histamine ? Beaucoup d’interrogations et peu de réponses par le corps médical. Je décide donc de mener mes propres investigations et mes propres expériences et c’est là que je tombe sur tous les blogs et sites traitant du Covid long. Je me rends alors compte de l’ampleur du phénomène. Moi qui pensais que le Covid long ne concernait que quelques personnes gravement atteinte et hospitalisées, je réalise qu’il peut concerner jusqu’à 50% des personnes atteintes du Covid après 4 semaines et 10% des personnes après 6 mois et cette info provient du ministère des solidarité et de la santé. Pour les personnes hospitalisées, ce chiffre est encore plus haut car une étude publiée par la revue médicale «the Lancet» et menée à Wuhan sur plus de 1 700 malades révèle que 76% des personnes hospitalisées pour Covid-19 souffrent d’au moins un symptôme six mois après leur infection.
Les symptômes associés au Covid long
Les symptômes persistants associés au Covid long peuvent être variés et comprennent principalement, d’après l’étude publiée par « The Lancet », la fatigue physique musculaire et intellectuelle (avec les problèmes de concentration) et les problèmes de sommeil. La fatigue concerne 63 % des personnes et les troubles du sommeil 26 % des personnes. Les autres symptômes décrits dans le Covid long sont la perte de cheveux, la perte de l’odorat, les palpitations cardiaques, les douleurs articulaires, la perte de l’appétit, la perte du goût, les vertiges, les diarrhées, les vomissements, les douleurs thoraciques, la gorge irritée, les démangeaisons, les douleurs musculaires, les migraines et très rarement (1% des cas) une fièvre légère qui persiste ou qui peut être récurrente.
Comment je me suis sortie du Covid long ?
Pour ma part, je me demande donc s’il n’y a pas un lien entre ce que je mange et mes symptômes, des démangeaisons et de la toux encore quotidienne au bout de trois semaines. Je décide donc de faire un jeun de 24h et de réintroduire les aliments deux par deux à chaque repas. Au petit déjeuner je ne prenais que deux fruits (par exemple, une banane et une orange); au déjeuner je prenais une protéine (viande ou poisson) et un légume; au gouter, je consommais un fruit et quelques graines (noix ou noisette ou noix de cajou) mais une seule variété par jour et le soir idem qu’à midi ou un légume et un féculent sans gluten. Certes, j’ai perdu un peu de poids mais les résultats ont été miraculeux; les démangeaisons ont stoppé du jour au lendemain. Je n’ai fait l’expérience que pendant une semaine et ensuite j’ai recommencé à diversifier à nouveau mon alimentation. Aujourd’hui je peux manger de tout mais parfois j’ai encore des démangeaisons ou de la toux qui apparaissent après certains repas trop variés. J’ai des soupçons sur certains aliments que je consomme peu souvent et tout va bien.
Naturellement, je me suis demandée si ces intolérance alimentaires pourraient résulter d’une augmentation de la perméabilité intestinale ce que les anglo-saxons appellent un « leaky gut » qui pourrait être lié à l’infection par le SARS-CoV2. On sait que lors de l’infection par le SARS COV 2, des manifestations digestives sont régulièrement décrites et signalées.
Nous savons aussi depuis quelques années maintenant que les infections peuvent être source d’intestin perméable tout comme le stress, certaines toxines, certains pathogènes, aliments et médicaments, entre autres. Tous ces facteurs affectent l’intégrité de la barrière épithéliale intestinale ce qui peut conduire à de l’inflammation, un déséquilibre immunitaire et contribuent à plusieurs maladies dont les allergies alimentaires et les maladies auto-immunes comme indiqué sur la figure ci-dessous.
Celle-ci est issu d’un article intitulé « Leaky Gut and Autoimmunity: An Intricate Balance in Individuals Health and the Diseased State » et publié très récemment dans International Journal of Molecular Sciences, une revue scientifique à comité de lecture.
Lien entre Covid long et perméabilité intestinale
Quand on recherche le lien entre le Covid long et la perméabilité intestinale sur PubMed, on ne trouve rien puisqu’avoir une vision intégrative du système immunitaire n’est pas encore un prérequis pour devenir médecin ou chercheur en immunologie, infectiologie ou épidémiologie…
Il y a tout de même trois articles qui font le lien entre les formes sévères de Covid-19 et la perméabilité intestinale que je décris dans deux autres blogs :
- La dysbiose et la perméabilité intestinale pourraient être impliquées dans les formes graves de Covid-19
- Et si la lymphopénie observée dans les formes graves de Covid-19 était liée à l’intestin
Dans tous les cas que vous souffriez de conséquences d’une forme sévère ou d’un Covid long, il me parait primordial de prendre en charge votre écosystème intestinal soit par la correction de :
- La dysbiose intestinale ;
- La porosité intestinale ;
- L’inflammation intestinale ;
- La présence éventuelles d’allergies alimentaires ;
- Et éventuellement l’ajout de certains compléments alimentaires, prébiotiques ou probiotiques.
Car une dérégulation de cet écosystème intestinal a été décrit dans de nombreux symptômes présents dans le Covid long que ce soit la fatigue, les insomnies, les douleurs articulaires et musculaires, les démangeaisons, les migraines, les problèmes de concentration, l’anxiété et la dépression.
Vous trouverez quelques pistes dans les articles suivants:
Six étapes pour réparer le syndrome de l’intestin poreux
Un nouvel acteur de votre santé : l’axe intestin-immunité-cerveau
Pour en savoir plus sur le Massage CénesthésiC®, venez le découvrir
Le 30 novembre 2024 lors des portes ouvertes de l’école de nutrition holistique au Cénacle à Genève : événement gratuit sur inscription
Les 07 et 08 décembre 2024, un module de découverte pour apprendre à masser et être massé, vous est proposé au Cénacle à Genève
Des séances de massage individuel les mercredi 04 et jeudi 05 décembre au locaux de l’ENH, promenade Charles martin à Genève
Si vous voulez en savoir plus sur les méthodes naturelles pour renforcer votre immunité et votre terrain immunitaire, je vous invite à lire le livre numérique :
Sources
A propos de l’auteur
Karine Bernard
Naturopathe, formatrice, conférencière et docteur en sciences (spécialité immunologie), je suis la fondatrice de la méthode ISIS “Solutions en immunomodulation intégrative et systémique”. Je suis également à l’origine du site immunonaturo.com, un blog dédié à la santé et au bien-être qui fait la part belle à votre système immunitaire.