Récemment, de nouvelles avancées ont mis en lumière l’implication de l’intestin dans de nombreuses maladies chroniques, dans les pathologies digestives, dans les troubles du comportement (anxiété, dépression, troubles autistiques), dans les pathologies neurodégénératives telles que les troubles autistiques, la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson mais aussi dans les maladies auto-immunes, le syndrome métabolique, les troubles cardiovasculaires, etc.

L’intestin est en fait un véritable écosystème très fragile dont il faut prendre soin

Cet écosystème intestinal est un système complexe composé :

  1. du microbiote, un ensemble de bactéries, virus, levures et parasites;
  2. de la muqueuse intestinale composée d’une unique couche de cellules spécialisées dans l’absorption des nutriments et la sécrétion d’enzymes digestives;
  3. du système immunitaire composé de différents types de cellules appartenant à la fois à l’immunité innée et à l’immunité adaptative ainsi que d’anticorps et différents peptides anti-microbiens;
  4. et du système nerveux entérique composé de plus de 500 millions de neurones et du système nerveux autonome avec le fameux nerf vague.

Le microbiote est surement l’acteur le plus populaire et le plus étudié de cet écosystème intestinal.

Grâce aux nouvelles technologies, nous sommes en train de découvrir et de répertorier des populations microbiennes au niveau de la peau, du visage, des narines, de la bouche, des lèvres, des paupières et même au niveau de la plaque dentaire. Le tractus gastro-intestinal, en particulier le côlon, abrite de loin les populations les plus nombreuses.

Le microbiote intestinal, anciennement appelé flore intestinale est un véritable « organe caché » au sein de notre ventre. Cet organe abrite plus de bactéries que notre organisme ne contient de cellules. Aux dernières estimations de 2016 c’est 40 000 milliards de bactéries (pour 30 000 milliards de cellules) qui vivent dans l’univers sombre et presque privé d’oxygène de l’intestin humain. Si l’on rassemblait tous les microbes intestinaux, le volume ainsi obtenu pèserait entre 1kg et 2,5 kg – à titre de comparaison, le cerveau pèse 1,5 kg. Certains considèrent le microbiote intestinal comme un « organe oublié » du corps humain. Le millier d’espèces de bactéries qui le composent contient plus de 150 fois de gènes que le génome humain. Ces gènes permettent aux microbes non seulement de vivre et de se multiplier, mais également de produire des molécules grâce auxquelles ils peuvent entrer en communication avec notre organisme. La majorité des espèces bactériennes dominantes du microbiote intestinal appartient aux Firmicutes et aux Bacteroidetes.

Nous vivons par ailleurs en symbiose avec nos micro-organismes, sans qui certaines de nos fonctions physiologiques essentielles ne pourraient être assurées. En effet, le rôle du microbiote est largement reconnu dans l’homéostasie gastro-intestinale, en assurant une partie de la digestion des aliments, en synthétisant des vitamines essentielles, ou bien en participant à la maturation du système immunitaire. Si le microbiote est protecteur, des altérations de ce dernier sont à l’origine de nombreuses maladies chroniques digestives, inflammatoires, ou métaboliques. Grâce à l’avènement de la métagénomique permettant de connaître l’ensemble des gènes microbiens, les chercheurs ont pu révéler que les flores microbiennes peuvent largement différer dans leur composition entre des personnes saines et des personnes atteintes de maladies telles que l’obésité, le diabète, l’asthme ou les allergies.

Une rupture de l’homéostasie intestinale mène à de nombreuses maladies

Notre écosystème intestinal est menacé par nos mode de vie, les infections, le vieillissement, le stress. Les quatre piliers de l’écosystème intestinal sont en interrelation les uns avec les autres c’est-à-dire qu’ils communiquent étroitement et dépendent l’un de l’autre. Lors d’une rupture de l’homéostasie au niveau intestinal liée à un stress physique ou psychologique, un aliment qui ne vous convient pas, un additif alimentaire, une toxine, une infection bactérienne, virale, parasitaire ou fongique, ces quatre piliers peuvent se dérégler.

  1. La muqueuse intestinale peut devenir poreuse, un syndrome appelé intestin perméable ou « leaky gut » par les anglosaxons. Vous pouvez voir quelles sont les solutions pour réparer un intestin qui fuit dans mon article « Six étapes pour réparer le syndrome de l’intestin poreux »
  2. Le microbiote peut se dérégler et l’on peut voir apparaitre une dysbiose, c’est-à-dire une augmentation des bactéries pathogènes et une diminution des bactéries commensales.
  3. Le système immunitaire présent sous la muqueuse intestinale peut se dérégler.  Il peut s’activer ce qui peut engendrer une inflammation excessive ou au contraire, il peut devenir trop tolérant.
  4. Et enfin, le système nerveux entérique et surtout autonome peut ne plus jouer son rôle de régulation de l’inflammation et de régulation des organes.

Cette rupture au niveau de l’homéostasie intestinale a été liée à de nombreuses maladies chroniques. C’est le cas de l’obésité1, des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin appelées MICI, du diabète sucré, du syndrome métabolique, de l’athérosclérose, des maladies du foie alcoolique et non alcoolique2, de la cirrhose et du carcinome hépatocellulaire, des maladies respiratoires3, des maladies mentales ou psychologiques et des maladies auto-immunes4. La perturbation de l’homéostasie intestinale est maintenant considérée comme l’événement majeur dans le développement des maladies auto-immunes et inflammatoires de l’intestin5.

Nous savons aujourd’hui que le vieillissement, de nombreuses maladies chroniques, intestinales et métaboliques comme l’obésité et le diabète de type II sont associés à une inflammation chronique et à une activation du système immunitaire.

En pathologie humaine, une comorbidité entre pathologies gastro-intestinales et pathologies psychiatriques et neurodégénératives est de plus en plus rapportée. Plusieurs études cliniques ont mis en évidence une comorbidité entre troubles psychiatriques et troubles gastro-intestinaux fonctionnels (Collins et coll., 2012). Ce n’est que récemment, que plusieurs groupes de recherche ont mis en évidence que le microbiote intestinal et les autres acteurs de l’écosystème intestinal sont des éléments actifs du dialogue intestin-cerveau, mais aussi intestin-peau, intestin-foie ou intestin-poumons.

Le microbiote intestinal en prenant part à la communication entre l’intestin et le cerveau influencerait le fonctionnement cérébral (Collins et al. 2012 ). Et aujourd’hui, les chercheurs se penchent sur les liens possibles entre un déséquilibre de l’écosystème intestinal et certains troubles psychiques : le stress, les troubles de l’humeur tel que la dépression, l’anxiété mais aussi les maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer…), ou les troubles du spectre autistique.

Ce constat a été le point de départ du développement d’un nouveau domaine de recherche, celui portant sur l’axe intestin-cerveau appelé (« Gut-Brain  axis ») dans lequel le microbiote intestinal est un modulateur important, ce qui a fait évolué le terme en axe microbiote-intestin-cerveau. Le système immunitaire joue aussi un rôle essentiel dans ce dialogue entre l’intestin et le cerveau. Certains auteurs parlent aussi d’axe cerveau-immunité (« neuro-immun axis ») ou d’axe intestin-immunité-cerveau (« gut-immun-brain axis »).

Le contenu de la formation

Après quelques rappels sur les quatre acteurs de l’écosystème intestinal : le microbiote, la muqueuse, le système immunitaire intestinal et le système nerveux entérique et autonome, nous verrons à travers 3 cas cliniques comment nos intestins déterminent notre immunité. Cette formation sera aussi l’occasion de parfaire vos connaissances sur les différents outils biologiques permettant d’appréhender l’immunité dont notamment le typage lymphocytaire.

Sommaire de la formation

Nos intestins : un écosystème à quatre acteurs

  • Le microbiote intestinal
  • La muqueuse intestinale
  • L’immunité des muqueuses
  • Le système nerveux et entérique

L’écosystème intestinal module l’immunité systémique

Cas clinique 1 et 2

Effets de la dysbiose et notamment de la candidose sur l’immunité systémique

Cas clinique 3

Inflammation intestinale et désordres de l’humeur

Stress et axe intestin-cerveau

Propositions pour la prise en charge des différents cas cliniques

Date et lieu

Le samedi 09 octobre 2021 de 9h30 à 16h

En présentiel : Novotel gare de Lyon 750012 Paris

Ou en ligne

Le pass sanitaire est obligatoire pour accéder à la formation en présentiel

Au plaisir de vous rencontrer à Paris,

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Sources

  1. Ley, R. E., Turnbaugh, P. J., Klein, S. & Gordon, J. I. Microbial ecology: human gut microbes associated with obesity. Nature 444, 1022–1023 (2006).
  2. Wang, B. et al. Altered Fecal Microbiota Correlates with Liver Biochemistry in Nonobese Patients with Non-alcoholic Fatty Liver Disease. Sci. Rep. 6, 32002 (2016).
  3. Verhulst, S. L. et al. A longitudinal analysis on the association between antibiotic use, intestinal microflora, and wheezing during the first year of life. J. Asthma Off. J. Assoc. Care Asthma 45, 828–832 (2008).
  4. Wen, L. et al. Innate immunity and intestinal microbiota in the development of Type 1 diabetes. Nature 455, 1109–1113 (2008).
  5. Maloy, K. J. & Powrie, F. Intestinal homeostasis and its breakdown in inflammatory bowel disease. Nature 474, 298–306 (2011).
  6. Narula, N. et al. Systematic Review and Meta-analysis: Fecal Microbiota Transplantation for Treatment of Active Ulcerative Colitis. Inflamm. Bowel Dis. (2017) doi:10.1097/MIB.0000000000001228.

A propos de l’auteur

Karine Bernard

Naturopathe, formatrice, conférencière et docteur en sciences (spécialité immunologie), je suis la fondatrice de la méthode ISIS “Solutions en immunomodulation intégrative et systémique”. Je suis également à l’origine du site  immunonaturo.com, un blog dédié à la santé et au bien-être qui fait la part belle à votre système immunitaire.