Le lithium protège contre la maladie d’Alzheimer et le déclin cognitif

mitochondrie

Depuis plusieurs années, la recherche sur la maladie d’Alzheimer s’oriente vers une compréhension plus globale de ses causes. Au-delà des dépôts amyloïdes et de la protéine tau, de nouveaux facteurs apparaissent comme des acteurs majeurs : l’inflammation chronique, l’impact du stress prolongé sur le cerveau et la carence en certains micronutriments essentiels.  Une récente étude publiée ce mois-ci dans Nature par une équipe de la Harvard Medical School met en lumière un acteur jusqu’ici discret mais potentiellement clé dans cette interaction : le lithium, oligo-élément indispensable au fonctionnement cérébral et à la plasticité neuronale.

La maladie d’Alzheimer, une maladie sans traitement curatif

Le déclin cognitif est un aspect naturel du vieillissement, qui commence normalement après l’âge de 65 ans. Cependant, la prévalence de la démence, qui est définie comme le développement de déficits cognitifs qui interfèrent avec les activités de la vie quotidienne, augmente également avec l’âge, doublant tous les 5 à 6 ans après l’âge de 65 ans. On estime que la maladie d’Alzheimer (MA) représente environ 60 à 80 % des cas de démence et se présente cliniquement comme un dysfonctionnement cognitif, une perte de mémoire et des changements de personnalité.

Elle peut se développer tôt dans la vie en raison d’une prédisposition génétique familiale, connue sous le nom de MA familiale, ou elle peut se développer plus tard dans la vie (65 ans et plus) en raison de facteurs environnementaux, métaboliques, viraux ou génétiques, et est connue sous le nom de MA sporadique. La MA sporadique à apparition tardive représente plus de 95 % des cas de MA. Front. Neurol.

Les mécanismes exacts qui initient la pathogenèse de la MA sont encore largement inconnus ; Cependant, les processus pathologiques les plus connus impliqués sont le développement de plaques Amyloïdes β et l’hyperphosphorylation de la protéine tau, conduisant à une accumulation de dégénérescences neurofibrillaires (DNN), fréquemment observées dans le cortex préfrontal et l’hippocampe. Neuropathology

Alors qu’un traitement curatif de la MA reste difficile à trouver et que la population mondiale continue de vieillir, il est impératif que les chercheurs trouvent des moyens de prévenir et de ralentir la progression de la maladie.

Une avancée majeure : le lithium, clé potentielle contre Alzheimer ?

Le lithium est bien connu pour ses multiples effets neuroprotecteurs qui peuvent être utilisés contre la pathologie de la MA. En effet, de nombreuses études menées chez des patients recevant du lithium pour un trouble bipolaire ont rapporté des taux plus faibles de démences, y compris la MA. Psychiatry

Les effets neuroprotecteurs du lithium sont pléiotropes, agissant sur plusieurs voies différentes, et ont été examinés en profondeur par différents chercheurs Front. Mol. Neurosci. Ces résultats ont montré que le traitement au lithium est capable d’atténuer la pathogenèse de la MA, même à microdoses chez l’animal, et de prévenir le déclin cognitif associé dans les études humaines. Cela se produit principalement grâce aux effets inhibiteurs du lithium sur l’activité de la GSK3β et à ses effets antioxydants, anti-inflammatoires et autophagiques associés, qui réduisent l’accumulation de plaques amyloïdes.

L’association de faibles doses de lithium et d’exercices physiques pourrait également améliorer la dysrégulation métabolique associée à la pathologie et à la pathogenèse de la MA, ainsi qu’exercer un effet neuroprotecteur synergique sur la fonction cognitive ; cependant, des recherches plus approfondies sont nécessaires.

Les effets insulinomimétiques du lithium pourraient également être bénéfiques, car les personnes atteintes de troubles métaboliques, tels que l’obésité et le diabète de type 2, présentent un risque plus élevé de développer des troubles neurocognitifs, tels que la MA Curr. Diab. Rep.. Beaucoup considèrent la MA comme un trouble métabolique avec des altérations de la régulation du glucose et de l’insuline, se référant souvent à la MA comme un diabète de type 3 Curr. Top. Med. Chem..

Le lithium : un élément naturellement présent… et vital

Les chercheurs ont découvert que le lithium est naturellement présent dans le cerveau, où il joue un rôle crucial dans la préservation cognitive au cours du vieillissement. Dans cette nouvelle étude publiée dans Nature ce mois-ci, les chercheurs ont montré que parmi les 27 métaux analysés, seul le lithium diminue significativement au stade de la lésion cognitive légère (LCL), étape précoce d’Alzheimer.

Quand les plaques amyloïdes privent le cerveau de lithium

Les plaques amyloïdes, marqueur classique de la maladie, agiraient comme de véritables « pièges » à lithium, réduisant sa disponibilité cérébrale.

Les expériences sur  les souris montrent que la déficience en lithium peut avoir des conséquences dramatiques

Chez la souris, une réduction alimentaire d’environ 50 % du lithium entraîne :

  • Une accumulation accrue de plaques amyloïdes et de tau phosphorylée ;
  • Une inflammation microgliale, perte de synapses, d’axones et de myéline ;
  • Un déclin cognitif marqué.

Ces effets passent notamment par l’activation de la kinase GSK3β, enzyme déjà impliquée dans Alzheimer et dans la régulation des réponses inflammatoires.

Une piste thérapeutique : le lithium orotate

De faibles doses de lithium orotate administrées à ces souris ont permis de prévenir les lésions, inverser la pathologie et restaurer la mémoire, même à un âge avancé.

Le rôle du lithium dans le cerveau

Le lithium joue plusieurs rôles clés dans les cellules, et certains sont particulièrement importants pour le cerveau et les neurones.
Au niveau cellulaire, le lithium est un oligo-élément qui agit surtout comme modulateur enzymatique et régulateur de signaux intracellulaires. Le lithium peut entrer dans les cellules via certains canaux sodiques et influencer l’équilibre sodium/potassium, ce qui modifie l’excitabilité cellulaire. Il a un rôle protecteur contre le stress oxydatif en augmentation l’activité des enzymes antioxydantes (SOD, catalase).

Dans les neurones, le lithium agit comme neuroprotecteur et modulateur de la plasticité neuronale. Il favorise la survie neuronale en inhibant les voies de mort cellulaire (apoptose), stimule la neurogenèse (création de nouveaux neurones) dans l’hippocampe et stabilise la transmission synaptique en régulant les récepteurs du glutamate et de la dopamine.

Dans le cerveau, le lithium agit comme gardien de l’homéostasie neuronale  grâce à ses effets neuroprotecteurs contre la neurodégénérescence et son potentiel à moduler le dysfonctionnement mitochondrial, le stress oxydatif, l’inflammation et l’apoptose.

Dans la maladie d’Alzheimer, le lithium apparaît comme un régulateur central de la neuroinflammation et de la plasticité neuronale en :

  • réduisant l’accumulation des protéines toxiques (amyloïde-β, tau phosphorylée) ;
  • modulant la microglie pour limiter l’état pro-inflammatoire ;
  • protégeant les synapses contre le stress oxydatif.

L’inflammation chronique au niveau neuronal est alimentée par le stress chronique, qui élève durablement le cortisol, favorise la dégénérescence de l’hippocampe et aggrave l’accumulation de protéines toxiques. Neurobiol. Stress.. Ainsi, une carence en lithium pourrait amplifier les effets délétères du stress chronique sur le cerveau et accélérer l’évolution vers Alzheimer.

Un appel à la prudence… mais un immense espoir

Si ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles stratégies de prévention, de dépistage (dosage sanguin de lithium) et de traitement, aucune étude clinique humaine n’a encore validé l’efficacité du lithium orotate. La prudence reste de mise, car un excès de lithium peut être toxique.

En attendant les études cliniques chez les humains validant le sel de lithium orotate  comme traitement ou protecteur dans la maladie d’alzheimer, les sources alimentaires de Lithium et la réduction du stress chronique ou des stress post traumatique semble être la meilleur des solutions

Les sources alimentaires de lithium

Le lithium est un oligo-élément naturellement présent dans l’environnement, notamment dans l’eau, le sol et certaines plantes. Il n’existe pas vraiment de « super-aliment » au lithium comme c’est le cas pour le fer ou le magnésium, mais certains aliments et boissons en contiennent davantage, surtout s’ils proviennent de régions où l’eau et le sol sont naturellement riches en lithium. Les sources de Li alimentaire dépendent largement de la zone géographique, car certaines régions, comme le nord du Chili, ont des sols riches en Li et, par conséquent, ont une absorption plus importante de Li dans leur approvisionnement en eau, leurs plantes et leurs céréales.

Sources alimentaires courantes de lithium

(Les teneurs varient énormément selon la région et les conditions de culture)

  1. Eau potable et eaux minérales
  • L’eau est la source la plus variable et parfois la plus importante de lithium alimentaire.
  • Certaines eaux minérales naturelles peuvent contenir de 0,1 à 1 mg/L, voire plus.
  1. Produits d’origine végétale
  • Légumineuses : lentilles, pois chiches, haricots secs.
  • Céréales complètes : blé complet, avoine, quinoa, riz complet.
  • Légumes : chou, épinards, pommes de terre, betteraves.
  • Algues marines (nori, wakamé, kombu) — peuvent contenir des traces intéressantes.
  1. Fruits et fruits secs
  • Fruits à coque : noix, noisettes, amandes, noix de cajou.
  • Fruits frais : pommes, poires, raisins.
  • Fruits secs : raisins secs, abricots secs, dattes.
  1. Produits animaux
  • Viande, poisson, œufs et lait contiennent de petites quantités, dépendant de l’alimentation des animaux.

Points importants :

  • Les apports alimentaires en lithium sont très faibles (souvent moins de 1 mg/jour dans l’alimentation courante).
  • Le lithium dans l’alimentation est généralement présent à des doses très inférieures à celles utilisées médicalement pour traiter les troubles bipolaires ou, potentiellement, Alzheimer.
  • L’excès de lithium peut être toxique, surtout sous forme médicamenteuse, donc il ne faut pas chercher à en consommer à fortes doses sans supervision médicale.

Conclusion sur le rôle du lithium dans la maladie d’Alzheimer

La découverte d’un rôle protecteur du lithium dans la maladie d’Alzheimer offre un nouvel angle d’approche : considérer la santé cérébrale comme le résultat d’un équilibre entre nutrition, gestion du stress et modulation de l’inflammation. En s’attaquant à ces trois leviers — réduire le stress chronique, contrôler l’inflammation et maintenir des niveaux adéquats de lithium — il pourrait être possible de retarder l’apparition ou ralentir la progression de la maladie. Cette avancée replace un oligo-élément longtemps relégué au traitement des troubles psychiatriques au centre des stratégies de prévention des maladies neurodégénératives. Le défi des prochaines années sera de traduire ces données expérimentales en recommandations cliniques sûres et efficaces pour l’humain.

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A propos de l’auteur

Karine Bernard, phD

Naturopathe, formatrice, conférencière et docteur en sciences (spécialité immunologie), je suis la fondatrice de la méthode ISIS “Solutions en immunomodulation intégrative et systémique”. Je suis également à l’origine du site  immunonaturo.com, un blog dédié à la santé et au bien-être qui fait la part belle à votre système immunitaire.