Le lithium , un allié méconnu contre le vieillissement, l’inflammation et Alzheimer

mitochondrie

Et si un oligo-élément discret, présent en traces dans l’eau et certains aliments, jouait un rôle déterminant dans notre santé cérébrale et globale ? Le lithium, longtemps associé uniquement aux traitements psychiatriques, suscite aujourd’hui un intérêt croissant des chercheurs. À très faible dose, il ne se comporte plus comme un médicament mais comme un micronutriment protecteur, agissant contre l’inflammation chronique, le stress oxydatif et le vieillissement cellulaire. De récentes études suggèrent même qu’il pourrait contribuer à ralentir le déclin cognitif et jouer un rôle dans la prévention des maladies liées au vieillissement et neurodégénératives comme Alzheimer. Mais comment agit-il exactement ? Et peut-on en bénéficier naturellement ?

 

Le lithium : un oligo-élément discret mais essentiel

Qu’est-ce que le lithium ?

Le lithium est un oligo-élément naturellement présent dans notre environnement : on le retrouve dans l’eau, le sol et certains aliments. Il est bien connu dans le domaine médical, car utilisé depuis les années 1950 à fortes doses dans le traitement des troubles bipolaires. Mais au-delà de cet usage thérapeutique, la science redécouvre aujourd’hui son rôle fondamental à faible dose dans la santé du cerveau et du corps.

Contrairement aux doses pharmacologiques (souvent supérieures à 300 mg/jour), les apports nutritionnels en lithium sont extrêmement modestes, de l’ordre de quelques microgrammes à quelques milligrammes par jour. Pourtant, ces quantités minimes semblent avoir un impact déterminant sur le vieillissement cellulaire, l’équilibre émotionnel et la protection neuronale.

Sources naturelles de lithium

Il n’existe pas un « superaliment » du lithium, mais plusieurs sources alimentaires en contiennent en petites quantités :

  • L’eau potable et certaines eaux minérales : certaines sources naturelles sont particulièrement riches en lithium, jusqu’à 1 mg/L.
  • Les légumineuses : lentilles, pois chiches, haricots secs.
  • Les céréales complètes : blé complet, avoine, quinoa, riz complet.
  • Les fruits et fruits secs : pommes, poires, raisins, abricots secs, noix, amandes.
  • Les légumes : pommes de terre, betteraves, chou, épinards.
  • Les algues marines : nori, wakamé, kombu, sources intéressantes en oligo-éléments.

La teneur varie énormément selon la composition du sol et de l’eau des régions où sont cultivés les végétaux.

Comment le lithium agit dans notre organisme ?

Rôle au niveau cellulaire

À l’échelle cellulaire, le lithium agit comme un modulateur enzymatique. Il influence l’équilibre sodium/potassium, régule certains canaux ioniques et module l’excitabilité cellulaire.

Il possède également une action antioxydante indirecte : il stimule les enzymes de défense contre le stress oxydatif, comme la superoxyde dismutase (SOD) ou la catalase. Ces mécanismes permettent de protéger les cellules contre les dommages liés aux radicaux libres, qui s’accumulent avec l’âge et favorisent l’inflammation chronique.

Rôle dans le cerveau et les neurones

Dans le système nerveux, le lithium occupe une place centrale :

  • Inhibition de l’enzyme GSK3β : clé dans la production de protéines toxiques comme la tau phosphorylée (marqueur d’Alzheimer) et dans les processus inflammatoires.
  • Stimulation de la neurogenèse : il favorise la création de nouveaux neurones dans l’hippocampe, zone impliquée dans la mémoire et particulièrement vulnérable au stress chronique.
  • Stabilisation des connexions synaptiques : le lithium aide à maintenir la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à s’adapter, à apprendre et à se réparer.

Lithium et inflammation : un anti-inflammatoire naturel ?

Lien entre inflammation chronique et vieillissement

Le vieillissement s’accompagne souvent d’un état d’inflammation chronique de bas grade, appelé « inflammaging ». Cette inflammation silencieuse, entretenue par le stress, l’alimentation déséquilibrée, la sédentarité et certaines maladies, accélère la dégénérescence cellulaire et la perte de fonctions cognitives.

Dans le cerveau, elle se traduit par une activation excessive de la microglie, cellules immunitaires qui, lorsqu’elles deviennent hyperactives, détruisent les synapses et favorisent la neurodégénérescence.

Effet du lithium sur l’immunité et la microglie

Le lithium module la réponse immunitaire en réduisant la production de cytokines pro-inflammatoires et en régulant l’activation de la microglie. Cela limite les dommages neuronaux liés à l’inflammation et contribue à préserver les synapses et la mémoire.

De plus, son action antioxydante réduit la charge oxydative qui entretient ce cercle vicieux entre stress, inflammation et dégénérescence cérébrale.

Lithium à faible dose et stress oxydatif

Dans notre corps, il existe naturellement des molécules appelées radicaux libres. En petites quantités, elles sont utiles : elles participent à des fonctions essentielles comme la régulation du sucre dans le sang, la circulation sanguine ou encore la croissance cellulaire. Mais lorsqu’elles deviennent trop nombreuses et déséquilibrées, elles s’attaquent aux protéines, aux graisses et même à l’ADN. Ce déséquilibre est appelé stress oxydatif. Avec le temps, il favorise le vieillissement et augmente le risque de nombreuses maladies liées à l’âge.

Des recherches ont montré que le lithium, même à faible dose, pourrait aider à limiter ce stress oxydatif. Par exemple, chez les personnes souffrant de troubles bipolaires, le traitement au lithium réduit les marqueurs de dommages oxydatifs et améliore les défenses antioxydantes de l’organisme. Cela serait lié à son effet positif sur les mitochondries, véritables centrales énergétiques des cellules, qui produisent moins de radicaux libres quand elles fonctionnent mieux.

Lithium à faible dose et santé des vaisseaux sanguins

Une bonne circulation sanguine est essentielle pour garder un cœur et un corps en bonne santé. Quand les vaisseaux sanguins fonctionnent mal, cela perturbe le débit sanguin, augmente la pression artérielle et limite l’apport d’oxygène et de nutriments aux organes. À long terme, cela peut fatiguer le cœur et favoriser l’apparition de maladies cardiovasculaires comme l’athérosclérose ou l’insuffisance cardiaque.

Au centre de cette santé vasculaire, il y a l’endothélium, une fine couche de cellules qui tapisse l’intérieur des artères. Cet endothélium joue plusieurs rôles : il régule la dilatation des vaisseaux, empêche la formation de caillots, limite l’inflammation et protège contre la formation de plaques d’athérome (responsables du rétrécissement des artères). Malheureusement, avec l’âge et le stress oxydatif, cette fonction protectrice diminue, en particulier à cause de la baisse de production de monoxyde d’azote (NO), une molécule clé qui permet aux artères de se détendre et de rester souples. Résultat : la pression artérielle augmente et le cœur est davantage sollicité.

Depuis les années 1960, certaines études ont suggéré que le lithium, même à très faible dose, pourrait avoir un rôle protecteur sur les vaisseaux sanguins. Par exemple, une grande enquête menée aux États-Unis a montré que dans les villes où l’eau potable contenait naturellement un peu plus de lithium, le risque de maladies cardiovasculaires était plus faible. Ce lien a intrigué les chercheurs, qui explorent depuis l’hypothèse que ce petit oligo-élément contribue à maintenir des vaisseaux sanguins en meilleure santé, notamment en protégeant l’endothélium et en réduisant le développement de l’athérosclérose.

Lithium et stress chronique : un rôle protecteur pour le cerveau ?

Le stress chronique, ennemi de la mémoire

Le stress aigu peut être bénéfique en déclenchant des réponses d’adaptation. Mais lorsqu’il devient chronique, il active en continu l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA), entraînant une production persistante de cortisol.

À long terme, ce cortisol élevé :

  • fragilise l’hippocampe (centre de la mémoire et des émotions),
  • réduit la neurogenèse,
  • favorise l’accumulation de protéines toxiques comme l’amyloïde-β.

C’est un facteur reconnu de déclin cognitif et de risque accru de maladie d’Alzheimer.

Comment le lithium agit sur le stress ?

Le lithium possède des propriétés régulatrices de l’humeur : c’est l’un des piliers de son usage en psychiatrie. Mais à faible dose, il agit aussi de manière subtile sur les conséquences biologiques du stress :

  • il réduit la toxicité du cortisol sur l’hippocampe,
  • protège contre l’inflammation et le stress oxydatif induits par le stress chronique,
  • améliore la résilience neuronale face aux traumatismes psychologiques, ce qui ouvre la voie à un rôle potentiel dans la prévention du stress post-traumatique.

Lithium et maladie d’Alzheimer : que dit la recherche ?

Alzheimer et carence en lithium

Une étude récente publiée dans Nature par la Harvard Medical School a montré que parmi 27 métaux analysés dans le cerveau, seul le lithium chute significativement au stade précoce de la maladie d’Alzheimer.

Les chercheurs ont découvert que les plaques amyloïdes, signe caractéristique d’Alzheimer, piègent littéralement le lithium, réduisant sa disponibilité pour les neurones. Cette « carence fonctionnelle » fragilise la plasticité cérébrale et accélère la neurodégénérescence.

Résultats des études animales

Des expériences chez la souris ont confirmé ce rôle clé :

  • Une réduction alimentaire de 50 % du lithium entraîne une accumulation accrue de plaques amyloïdes et de tau pathologique.
  • On observe une perte de synapses, une inflammation microgliale et un déclin cognitif marqué.
  • À l’inverse, de faibles doses de lithium orotate restaurent la mémoire, réduisent les dépôts toxiques et protègent les connexions neuronales.

Perspectives thérapeutiques chez l’humain

Ces résultats ouvrent des perspectives passionnantes : le lithium pourrait devenir un outil de prévention et de ralentissement d’Alzheimer. Cependant, aucune étude clinique humaine à grande échelle n’a encore validé cette approche. La prudence reste donc essentielle, car un excès de lithium (sous forme médicamenteuse) peut être toxique.

 

Vers une approche intégrative de la prévention

Nutrition et apports naturels en lithium

Une alimentation riche en végétaux (céréales complètes, légumineuses, noix, fruits, légumes) et certaines eaux minérales peuvent fournir du lithium en quantité physiologique, sans risque de toxicité.

Réduction du stress chronique

Le lithium seul n’est pas une solution miracle. Sa synergie avec d’autres mesures de prévention est essentielle :

  • activité physique régulière,
  • méditation et cohérence cardiaque,
  • sommeil réparateur,
  • gestion des traumatismes psychiques.

Autres micronutriments protecteurs

Le lithium agit de concert avec d’autres nutriments protecteurs :

  • magnésium : calmant neuronal,
  • oméga-3 : fluidité membranaire et anti-inflammation,
  • zinc et polyphénols : protection antioxydante.

 

Conclusion : le lithium, un micronutriment d’avenir pour la santé du cerveau ?

Longtemps cantonné à la psychiatrie, le lithium apparaît aujourd’hui comme un micronutriment clé pour la santé cérébrale et la longévité. Ses effets anti-inflammatoires, antioxydants et neuroprotecteurs en font un acteur prometteur de la prévention du déclin cognitif et des maladies neurodégénératives.

Mais la science n’en est qu’à ses débuts : des études cliniques sont nécessaires pour valider son efficacité à faible dose chez l’humain. En attendant, miser sur une alimentation variée, riche en sources naturelles de lithium, et sur la réduction du stress chronique, reste la meilleure stratégie pour préserver son cerveau.

Le lithium, discret et souvent oublié, pourrait bien devenir l’un des piliers d’une nouvelle approche intégrative de la santé cérébrale et du corps.

Les points clés.

  • Le lithium, présent naturellement dans l’eau et les aliments, agit à très faible dose comme un micronutriment protecteur.

  • Il contribue à réduire l’inflammation, le stress oxydatif et les effets du vieillissement cellulaire.

  • Dans le cerveau, il soutient la mémoire, la plasticité neuronale et protège contre le stress chronique.

  • Des études suggèrent qu’il pourrait jouer un rôle dans la prévention d’Alzheimer et des maladies cardiovasculaires.

  • On le retrouve dans certaines eaux minérales, les légumineuses, céréales complètes, noix et légumes.

  • Associé à une alimentation équilibrée, du sommeil de qualité et la gestion du stress, il pourrait devenir un allié majeur de la santé et de la longévité.

effets du lithium sur la santé physique et psychique

Les effets du lithium sur la santé physique et psychique

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A propos de l’auteur

Karine Bernard, phD

Naturopathe, formatrice, conférencière et docteur en sciences (spécialité immunologie), je suis la fondatrice de la méthode ISIS “Solutions en immunomodulation intégrative et systémique”. Je suis également à l’origine du site  immunonaturo.com, un blog dédié à la santé et au bien-être qui fait la part belle à votre système immunitaire.